Page:Karl Marx et Friedrich Engels - Œuvres choisies en deux volumes, tome II, 1955.djvu/300

Cette page n’a pas encore été corrigée

bu, auxquelles se joignit bientôt une tribu sabellique, qui aurait également compté cent gentes, et enfin une troisième tribu, composée d’éléments divers et comptant elle aussi cent gentes, à ce qu’on prétend. Tout ce récit montre au premier coup d’œil qu’ici il n’y avait à peu près plus rien de primitif, sauf la gens, et que celle-ci même n’était en bien des cas qu’un provin d’une gens-mère qui continuait à subsister dans l’ancien pays d’origine. Les tribus portent au front l’empreinte de leur composition artificielle, mais faite la plupart du temps d’éléments apparentés et sur le modèle de l’ancienne tribu organique, et non factice ; cependant, il n’est pas exclu que le noyau de chacune des trois tribus ait pu être une véritable tribu ancienne. Le chaînon intermédiaire, la phratrie, se composait de dix gentes et s’appelait curie ; on en comptait donc trente. Il est reconnu que la gens romaine était la même institution que la gens grecque ; si la gens grecque est une forme plus évoluée de cette unité sociale dont les Peaux-Rouges américains nous offrent la forme primitive, cela n’est pas moins vrai pour la gens romaine. Nous pouvons donc, ici, être plus brefs.

La gens romaine avait, du moins dans les premiers temps de la Ville, la constitution suivante :

  1. Droit d’hériter les uns des autres pour les gentiles ; la fortune restait dans la gens. Le droit paternel régnant déjà dans la gens romaine aussi bien que dans la grecque, la postérité de la ligne féminine était donc exclue de l’héritage. Selon la Loi des Douze Tables , le plus ancien droit romain écrit que nous connaissions, les enfants héritaient d’abord, en tant qu’héritiers naturels ; à leur défaut, les agnats (parents en ligne masculine) et, en leur absence, les gentiles. Dans tous les cas, la fortune restait dans la gens. Nous voyons ici la pénétration gra­duelle de la coutume gentilice par de nouvelles dispositions légales que motivaient l’accrois­sement de la richesse et la monogamie ; le droit d’héritage, égal à l’origine pour tous les membres de la gens, est limité en pratique (et de bonne heure, comme nous