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de celui-ci, — Conseil ou agora, — comme c’était également le cas pour le roi (rex) romain.

Dans L’Iliade, Agamemnon, le chef des guerriers, n’apparaît point comme le roi suprême des Grecs, mais comme le commandant en chef d’une armée confédérée devant une ville assiégée. Et lorsque la discorde a éclaté entre les Grecs, c’est cette qualité qu’Ulysse fait valoir, dans le célèbre passage : « la multiplicité du commandement ne vaut rien ; qu’un seul chef commande », etc... (et le vers bien connu où il est question du sceptre est une addition postérieure) :

«Ulysse ne fait pas ici une conférence sur une forme de gouvernement ; il exige l’obéis­sance à celui qui a le commandement suprême dans la guerre. Pour les Grecs, qui n’apparaissent devant Troie qu’en tant qu’armée, les choses se pas­sent assez démocratiquement dans l’agora. Achille, lorsqu’il parle de « pré­sents », c’est-à-dire du partage du butin, ne charge de la répartition ni Agamem­non, ni un autre basileus, mais « les fils des Achéens », c’est-à-dire le peuple. Les attributs : «engendré par Zeus», «nourri par Zeus», ne prouvent rien, puisque cha­que gens descend d’un dieu, et celle du chef de tribu, d’un dieu « plus distin­gué », — ici, de Zeus. Même ceux qui ne jouissent pas de la liberté personnelle, comme Eumée le porcher entre autres sont « divins » (dioi et theioi) ; et ceci dans L’Odyssée, donc à une époque de beaucoup postérieure à L’Iliade ; dans cette même Odyssée, le nom de héros est encore accolé à celui du messager Mylios, comme à celui de Demodokos, l’aède aveugle. Bref, le mot basileia, que les écri­vains grecs emploient pour la pseudo-royauté homérique (parce que le com­man­dement des armées en est la principale marque distinctive), accompagnée du conseil et de l’assemblée du peuple, signifie seulement — démocratie militaire. » (Marx).

À part ses fonctions militaires, le basileus avait encore des fonctions sacerdotales et judiciaires ; ces dernières ne sont point déterminées très exactement ; quant aux premières, il les exerçait en sa qualité de représentant suprême de la tribu, ou de la confédération de tribus. jamais il n’est question d’attributions civiles, administratives, mais il semble pourtant que le basileus ait été d’office membre du Conseil. Il est donc tout à fait juste, étymologiquement par­lant, de traduire basileus par König (roi), puisque König (Kuning) vient de Kuni, Künne, et signifie «