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En outre, la réunion en phratrie liait entre elles plusieurs gentes, quoique moins étroite­ment, mais ici encore nous trouvons des droits et des devoirs réciproques du même ordre, en particulier la communauté de certaines pratiques religieuses et le droit de poursuite, en cas de meurtre d’un phrator. L’ensemble des phratries d’une tribu avait, d’autre part, des fêtes sacrées communes, qui revenaient périodiquement, sous la présidence d’un phyloba­sileus (chef de tribu) choisi parmi les nobles (eupatrides).
Voilà ce que relate Grote. Et Marx ajoute : « Mais à travers la gens grecque transparaît aussi manifestement le sauvage (l’Iroquois, par exemple).» Sa présence devient encore plus manifeste dès que nous poussons un peu plus avant notre étude.
C’est qu’en effet la gens grecque comporte également :

  • La descendance d’après le droit paternel.
  • L’interdiction du mariage à l’intérieur de la gens, sauf quand il s’agit d’héritières. Cette exception et le caractère d’obligation qu’on lui imprime prouvent que l’ancienne règle restait en vigueur. Elle résulte également de ce principe généralement valable, selon lequel la femme renonçait par son mariage aux rites religieux de sa gens pour adopter ceux de son mari, dans la phratrie duquel elle était d’ailleurs inscrite. D’après cela, et d’après un célèbre passage de Dicéarque, le mariage en dehors de la gens était donc de règle, et Becker, dans son Chariclès, va même jusqu’à supposer que personne n’avait le droit de se marier dans sa propre gens.
  • Le droit d’adoption dans la gens ; elle s’effectuait par adoption dans la famille, mais avec des formalités publiques et seulement à titre exceptionnel.
  • Le droit d’élire et de révoquer les chefs. Nous savons que chaque gens avait son archonte ; il n’est spécifié nulle part que cette charge fût héréditaire dans des familles déter­minées. jusqu’à la fin de la barbarie, selon toute vraisemblance, il n’y eut jamais d’hérédité [stricte], absolument incompatible avec un état de choses où riches et pauvres avaient, à l’intérieur de la gens, des droits parfaitement égaux.

    Non seulement Grote, mais aussi Niebuhr, Mommsen et tous les autres historiens qui s’occupèrent jusqu’ici de l’Antiquité classique ont achoppé contre la gens. Bien qu’ils aient noté fort justement un grand nombre de ses caractéristiques, ils ont toujours