Page:Karl Marx et Friedrich Engels - Œuvres choisies en deux volumes, tome II, 1955.djvu/267

Cette page n’a pas encore été corrigée

comme enfant ; la réception solennelle dans la gens était nécessaire à la ratification. Souvent, des gentes isolées, exceptionnellement réduites, étaient ainsi renforcées par l’adoption massive de membres d’une autre gens, avec l’agrément de celle-ci. Chez les Iroquois, la réception solennelle dans la gens avait lieu en séance publique du Conseil de tribu, ce qui en faisait véritablement une cérémonie religieuse.

  1. Il est difficile de prouver qu’il y ait des cérémonies religieuses spéciales dans les gentes indiennes ; mais les cérémonies religieuses des Indiens se rattachent plus ou moins aux gentes. Aux six fêtes religieuses annuelles des Iroquois, les sachems et les chefs militaires de chaque gens comptaient, en raison de leur charge, parmi les « gardiens de la foi » et avaient des fonctions sacerdotales.
  2. La gens a un cimetière commun. Celui-ci a maintenant disparu ; les Iroquois de l’État de New York sont enterrés parmi les Blancs ; mais il existait autrefois. Chez d’autres Indiens il existe encore ; ainsi chez les Tuscaroras, proches parents des Iroquois : bien que chrétiens, ils ont au cimetière une rangée déterminée pour chaque gens, de sorte que la mère y est bien enterrée dans la même rangée que les enfants, mais non le père. Et chez les Iroquois aussi, toute la gens va à l’enterrement du défunt, s’occupe de la tombe, des discours funèbres, etc.
  3. La gens a un conseil, assemblée démocratique de tous les gentiles adultes, hommes et femmes, qui tous ont le même droit de vote. Ce conseil élisait les sachems et les chefs militaires, et il les révoquait ; de même pour les autres « gardiens de la foi ». Le Conseil décidait des dons expiatoires (wergeld, prix du sang) ou de la vendetta pour le meurtre de gentiles ; il adoptait des étrangers dans la gens. Bref, il était dans la gens le pouvoir souverain.

Telles sont les attributions d’une gens indienne typique.

«Tous ses membres sont des hommes libres, tenus de protéger leur mutuelle li­ber­té, égaux en droits personnels, — ni les sachems, ni les chefs militaires ne reven­diquent de prérogatives quelconques ; ils forment une collectivité frater­nelle, unie par les liens du sang. Liberté, égalité, fraternité, sans avoir été jamais formulés, étaient. les principes fondamentaux de la gens, et celle-ci, à son tour, était l’unité de tout un système social,