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en Russie. On reconnaît généralement de nos jours qu’elles sont non moins enracinées dans les mœurs russes populaires que l’obscina, ou com­mu­nauté villageoise. Elles figurent dans le plus ancien code russe, la Pravda de Iaroslav, sous le même nom (vervj) que dans les lois dalmates et se retrouvent également dans les sources historiques polonaises et tchèques.

Chez les Germains, d’après Heusler (Institutions de droit germanique), l’unité écono­mi­que n’est pas non plus, à l’origine, la famille conjugale au sens moderne, mais l’« association domestique », qui se compose de plusieurs générations, ou encore de plusieurs familles conju­gales, et qui, par surcroît, englobe assez souvent des esclaves. La famille romaine, elle aussi, se ramène à ce type et c’est pourquoi le pouvoir absolu du père et l’absence de droits des autres membres de la famille vis-à-vis de lui sont fortement controversés depuis quelque temps. Des associations familiales du même genre auraient également existé chez les Celtes d’Irlande ; en France, elles se maintinrent dans le Nivernais, sous le nom de parçonneries, jusqu’à la Révolution, et elles n’ont pas encore complètement disparu de nos jours en Franche-Comté. Dans la région de Louhans (Saône-et-Loire), on voit de grandes maisons paysannes qui ont une salle commune centrale, haute, montant jusqu’au toit ; tout autour, il y a les chambres à coucher auxquelles on accède par des escaliers de six à huit marches. Plusieurs générations de la même famille y habitent.

Aux Indes, la communauté domestique avec culture en commun du sol est déjà mention­née par Néarque, au temps d’Alexandre le Grand, et elle subsiste encore de nos jours dans la même région, au Pendjab et dans tout le nord-ouest du pays. Kovalevski lui-même a pu en prouver l’existence au Caucase. En Algérie, elle subsiste chez les Kabyles. Elle aurait même existé en Amérique ; on prétend la reconnaître dans les calpullis de l’ancien Mexique, que décrit Zurita par contre, Cunow (Ausland, 1890, no 42-44) a prouvé assez clairement qu’au Pérou, à l’époque de la conquête, existait une sorte de constitution