Page:Karl Marx et Friedrich Engels - Œuvres choisies en deux volumes, tome II, 1955.djvu/215

Cette page n’a pas encore été corrigée

exclues : même dans le mariage par groupe, elles constituent maintenant la majorité des cas. Et si le plus récent négateur d’un tel état de choses primitif, Westermarck, qualifie du nom de mariage tout état dans lequel les deux sexes restent unis jusqu’à la naissance de la progéniture, il convient de dire que cette sorte de mariage pouvait fort bien exister dans l’état de commerce sexuel sans règles, sans être en contradiction avec l’absence de règles, autrement dit, l’absence de barrières imposées par la coutume au commerce sexuel, Westermarck, il est vrai, part du point de vue que « le manque de règles implique l’étouffe­ment des inclinations individuelles », si bien que « la pros­ti­tution en est la forme la plus authentique». Il me semble plutôt qu’il demeure impos­sible de comprendre les conditions primitives tant qu’on les regarde avec l’optique du lupanar. Nous reviendrons là-dessus à propos du mariage par groupe.

Voici, d’après Morgan quel développement subit, vraisemblablement de très bonne heure, cet [état primitif du commerce sexuel sans règles :]


1. La famille consanguine.

Première [étape] de la famille. Ici, les groupes conjugaux sont séparés suivant les générations : dans les limites de la famille, tous les grands-pères et les grand-mères sont entre eux maris et femmes ; de même leurs enfants, autrement dit les pères et les mères dont les enfants, à leur tour, formeront un troisième cercle d’époux communs, et les enfants des enfants, autrement dit les arrière-petits-enfants des premiers, formeront le quatrième cercle. Dans cette forme de famille, les droits et les devoirs (dirions-nous) du mariage sont donc exclus seulement entre ascendants et descendants, parents et enfants. Les frères et les sœurs, les cousins et les cousines du premier, du second et des autres degrés sont tous entre eux frères et sœurs, et c’est justement pourquoi ils sont tous maris et femmes les uns des autres. Le rapport de frère et sœur inclut tout naturellement, à cette période, l’exercice du commerce sexuel entre eux. La forme typique d’une telle famille se composerait