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conditions primitives d’exis­tence. Les accouplements à long terme chez les vertébrés s’expli­quent suffisamment par des causes physiologiques, par exemple, chez les oiseaux, par le besoin de protection qu’a la femelle pendant la couvaison ; les exemples de fidèle monogamie tels qu’on les trouve chez les oiseaux ne prouvent rien pour les hommes, puisque ceux-ci, justement, ne descendent pas des oiseaux. Et si la stricte monogamie est le comble de toute vertu, la palme revient au ver solitaire qui possède, dans chacun de ses cinquante à deux cents anneaux ou articles, un appareil sexuel masculin et féminin complet et passe toute son existence à s’accoupler avec lui-même dans chacun de ses segments. Mais si nous nous en tenons aux mammifères, nous trouvons chez eux toutes les formes de la vie sexuelle, la promiscuité sans règle, des formes analogues au mariage par groupe, la polygamie, le maria­ge conjugal ; il n’y manque que la polyandrie, car seuls des êtres humains pouvaient la prati­quer. Même nos plus proches parents, les quadrumanes, nous offrent toutes les diversités possibles dans le groupement des mâles et des femelles ; et si nous traçons des limites encore plus étroites et ne considérons que les quatre espèces de singes anthropoïdes, Letourneau sait seulement nous dire qu’ils sont parfois monogames, parfois polygames, tandis que Saussure prétend, chez Giraud-Teulon, qu’ils sont monogames. Les récentes affirmations de Westermarck sur la monogamie des singes anthropoïdes (The History of Human Marriage, Londres, 1891) sont bien loin d’être des preuves. Bref, les informations sont telles que l’honnête Letourneau avoue que :

« d’ailleurs, il n’y a aucune relation rigoureuse, chez les mammifères, entre le* degré de développement intellectuel et la forme des rapports sexuels. »

Et Espinas va jusqu’à dire :

« La peuplade est le plus élevé des groupes sociaux que nous puissions observer chez les animaux. Elle est, ce, semble, composée de familles, mais même à l’origine la famille et la peuplade sont antagoniques : elles se développent en rai­son inverse l’une de l’autre. (Des sociétés animales, 1877.) »

Comme le montre déjà ce qui précède, nous ne savons pour dire rien de précis sur — les groupes de famille ou autres groupements en société des singes anthropomorphes ; les don­