Page:Kant - La religion dans les limites de la raison, trad Tremesaygues, 1913.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

QUATRIÈME PARTIE

DU VRAI CULTE ET DU FAUX CULTE SOUS L’EMPIRE DU BON PRINCIPE, OU DE LA RELIGION ET DU SACERDOCE.




C’est déjà un commencement de la domination du bon principe et un signe « de l’arrivée du règne de Dieu parmi nous » que la diffusion publique des seuls principes de la constitution de ce règne ; car dans le monde intelligible, le règne de Dieu existe déjà aussitôt qu’y ont pris racine universellement les principes qui seuls out le pouvoir de le réaliser, bien que sa complète apparition dans le monde des phénomènes (Sinnenwelt) puisse encore être reculée dans un lointain inaccessible. Nous avons vu que la formulation d’urne république morale est pour tous un devoir de nature particulière (officium sui generis) et que, s’il est vrai que l’on peut conclure, de ce que chaque homme accomplit son devoir privé, à un accord accidentel de tous en vue du bien commun, sans qu’il soit besoin pour cela d’une disposition particulière, on ne saurait pourtant espérer cet accord de tous, à moins de leur donner pour tâche spéciale le devoir de s’unir entre eux, pour un même but à poursuivre, et de fonder une république placée sous l’égide des lois morales pour repousser en masse, et par suite avec plus de