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DIALECTIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE

un animal, ne pourrait être tout au plus admise (en faveur de l’hypothèse d’une finalité dans l’ensemble de la nature), que si l’expérience nous la montrait en petit dans son organisation, car on ne peut l’apercevoir a priori. L’explication tourne donc dans un cercle, si on veut dériver la finalité de la nature dans les êtres organisés de la vie de la matière, et qu’on ne connaisse pas cette vie autrement que dans les êtres organisés, et si par conséquent, sans une expérience de cette espèce, on ne peut se faire aucune idée de la possibilité de cette vie. L’hylozoïsme ne tient donc pas ce qu’il promet.

Enfin le théisme ne peut pas davantage établir dogmatiquement la possibilité des fins de la nature, comme une clef pour la téléologie, quoiqu’il ait sur toutes les autres explications l’avantage d’arracher à l’idéalisme, la finalité de la nature, en attribuant un entendement à l’Être suprême, et en invoquant une causalité intentionnelle pour expliquer la production de cette finalité.

En effet il faudrait d’abord prouver, d’une manière suffisante pour le Jugement déterminant, que l’unité de fins dans la matière ne peut être produite par le simple mécanisme de la matière-même, pour être autorisé à en placer le principe d'une manière déterminée en dehors de la nature. Mais tout ce que nous pouvons avancer, c’est que, d’après la nature et les limites de nos facultés de connaître (puisque