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DIALECTIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE.

Le premier croit que toute finalité de la nature est naturelle ; le second, que quelque finalité (celle des êtres organisés) est intentionnelle, d’où on pourrait justement tirer comme hypothèse cette conséquence, que la technique de la nature, et même ce qui concerne toutes ses autres productions dans leur rapport à l’ensemble de la nature est intentionnel, c’est-à-dire est fin.

1. L’idéalisme de la finalité (j’entends toujours ici la finalité objective) admet, ou bien le hasard,[1] ou bien la fatalité des déterminations de la nature d’où résulte la forme finale de ses productions. Le premier principe concerne le rapport de la matière à la cause physique de sa forme, à savoir les lois du mouvement ; le second, le rapport de la matière à la cause hyperphysique de la matière-même et de toute la nature. Le système du hasard, qu’on attribue à Épicure ou à Démocrite, pris à la lettre, est si évidemment absurde qu’il ne doit pas nous arrêter ; au contraire, le système de la fatalité (dont on regarde Spinoza comme l’auteur, quoique, suivant toute apparence, il soit beaucoup plus ancien), qui invoque quelque chose de supra-sensible, où par conséquent notre vue ne peut atteindre, n’est pas si facile à réfuter, précisément parce que son concept de l’être premier ne peut être compris.

  1. Casualität.