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ANALYTIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE.

plantes pour se farder), mais quelquefois aussi raisonnables, comme quand il se sert du cheval pour voyager, du bœuf et même de l’âne et du cochon (ainsi qu’on fait dans l’île Minorque) pour labourer, on ne peut pas même admettre ici une fin relative de la nature (pour cet usage). Car sa raison sait faire concourir les choses à des fantaisies auxquelles il n’était pas lui-même prédestiné par sa nature. Seulement si on admet qu’il doit y avoir des hommes sur la terre, les moyens au moins sans lesquels les hommes ne pourraient exister, en tant qu’animaux, et même en tant qu’êtres raisonnables (à quelque faible degré que ce soit), ne peuvent manquer ; mais.alors les choses de la nature, qui sont indispensables pour cet usage, doivent être considérées aussi comme des fins de la nature.

On voit aisément par là que la finalité extérieure (l’utilité d’une chose pour d’autres) ne peut être considérée comme une fin extérieure de la nature qu’à la condition que l’existence de la chose à laquelle elle se rapporte de près ou de loin soit par elle-même une fin de la nature. Mais comme cela ne peut jamais être démontré par la simple considération de la nature, il suit que la finalité relative, quoiqu’elle nous fasse hypothétiquement songer à des fins de la nature, ne peut cependant donner légitimement lieu à aucun jugement téléologique absolu.