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CRITIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE


rale peut se passer de la théologie quant à ses règles, elle ne le peut pas quant au but final que proposent ces règles mêmes, à moins qu’on ne renonce à toute application de la raison à la théologie. Mais une morale théologique (de la raison pure) est impossible, parce que les lois que la raison ne donne pas elle-même originairement, et dont elle ne commande pas l’exécution en tant que faculté pure pratique, ne peuvent être morales. De même une physique théologique ne serait rien, parce qu’elle ne proposerait pas des lois physiques, mais des ordonnances d’une suprême volonté, tandis qu’une théologie physique (proprement physico-téléologique) peut du moins servir de propédeutique à la véritable théologie, sans pouvoir la fonder sur ses propres preuves, en éveillant, par la considération des fins de la nature, dont elle offre une riche matière, l’idée d’un but final que la nature ne peut établir, et, par conséquent, en excitant le besoin d’une théologie qui détermine le concept de Dieu d’une manière suffisante pour l’usage pratique suprême de la raison.


fin de la critique du jugement