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CRITIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE


miration pour cette finalité même que nous percevons dans l’essence des choses (en tant que leurs concepts peuvent être construits). Les règles variées, dont l’unité (fondée sur un principe) cause l’admiration, sont toutes synthétiques, et ne dérivent pas d’un concept de l’objet, par exemple, du cercle ; mais elles ont besoin que cet objet soit donné dans l’intuition. Mais par là cette unité a l’air d’être fondée empiriquement sur un principe différent de notre faculté de représentation, et l’on dirait que la concordance de l’objet avec le besoin de règles, inhérent à l’entendement, est contingente en soi, et par conséquent n’est possible que par une fin établie exprès pour cela. Or cette harmonie, n’étant pas, malgré toute cette finalité, reconnue empiriquement, mais a priori, devrait nous conduire d’elle-même à cette conclusion que l’espace, dont la détermination rend seule l’objet possible (au moyen de l’imagination et conformément à un ·concept}, n’est pas une qualité des choses hors de nous, mais un simple mode de représentation en nous, et qu’ainsi, dans la figure que je trace conformément à un concept, c’est-à-dire dans ma propre manière de me représenter ce qui m’est donné extérieurement, quoique ce puisse être, en soi, c’est moi qui introduis la finalité, sans en être instruit empiriquement par la chose même, et, par conséquent, sans avoir besoin pour cela d’aucune fin particu-