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DIALECTIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE

qui consisterait dans une intuition entièrement spontanée [1] serait une faculté de connaître distincte et tout à fait indépendante de la sensibilité, et, par conséquent, un entendement dans le sens le plus général du mot, on peut aussi concevoir (d’une manière négative, c’est-à-dire comme un entendement qui n’est pas discursif), un entendement intuitif, qui n’aille pas du général au particulier et à l’individuel (par des concepts), et pour lequel n’existe plus la contingence de l’accord de la nature avec l’entendement dans les choses qu’elle produit d’après des lois particulières, et dont il est si difficile à notre entendement de ramener la variété à l’unité de la connaissance. Cela n’est possible pour nous qu’au moyen de la concordance des caractères de la nature avec notre faculté des concepts, et cette concordance est contingente, mais un entendement intuitif n’en a pas besoin.

Notre entendement a donc cela de particulier dans son rapport avec le Jugement, que, dans la connaissance qu’il nous fournit, le particulier n’est pas déterminé par le général, et que, par conséquent, le premier. ne peut être dérivé du second, quoiqu’il doive y avoir entre les éléments particuliers, qui composent la variété de la nature, et le général (fourni par des concepts et des lois) une concordance, qui permette de subsumer ceux-là sous celui-ci, et qui,

  1. Ein Vermögen einer volligen Spontanettät