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qu’on ne le désire (dans le voisinage) ; elle se fraie en quelque sorte un passage et vient troubler la liberté de ceux qui ne sont point de la réunion musicale, inconvénient que n’ont pas les arts qui parlent à la vue, puisqu’on n’a qu’à détourner les yeux pour en éviter l’impression. On pourrait presque comparer la musique à ces odeurs qui se répandent au loin. Celui qui tire de sa poche un mouchoir parfumé ne consulte pas la volonté de ceux qui sont autour de lui, et il leur impose une jouissance qu’ils ne peuvent éviter s’ils veulent respirer : aussi cela est-il passé de mode[1]. Parmi les arts figuratifs je donnerais la préférence à la peinture, et parce qu’elle est, en tant qu’art du dessin, le fondement de tous les autres arts figuratifs, et parce qu’elle peut pénétrer beaucoup plus avant dans la région des idées et étendre davantage le champ de l’intuition, conformément à ces idées.


REMARQUE.

Il y a, comme nous l’avons montré souvent, une différence essentielle entre ce qui plaît sim-

  1. Ceux qui ont recommandé le chant des cantiques, dans les exercices religieux domestiques, ont oublié qu’une aussi bruyante dévotion (qui rappelle trop souvent celle des pharisiens) incommode le public, car elle oblige les voisins ou à chanter ou à interrompre leurs méditations.