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ANALYTIQUE DU BEAU



REMARQUE GÉNÉRALE SUR LA PREMIÈRE SECTION DE L’ANALYTIQUE.


Si on tire le résultat des analyses précédentes, on trouve que tout se ramène au concept du goût, c’est-à-dire d’une faculté de juger un objet dans son rapport avec le jeu libre et légitime de l’imagination. Or, lorsque, dans un jugement de goût, l’imagination est considérée dans sa liberté, elle n’est pas regardée comme reproductive, comme quand elle est soumise aux lois de l’association, mais comme productive et spontanée (comme cause de formes arbitraires d’intuitions possibles) ; et, quoique, dans l’appréhension d’un objet sensible donné, elle soit liée à la forme déterminée de cet objet et n’ait pas un libre jeu (comme dans la poésie), on voit bien cependant que l’objet peut lui fournir précisément une forme, un assemblage d’éléments divers, tel que, si elle était abandonnée à elle-même, elle pourrait le produire conformément aux lois de l’entendement en général. Mais n’est-ce pas une contradiction que l’imagination soit libre et qu’en même temps elle se conforme d’elle-même à des lois, c’est-à-dire qu’elle renferme une autonomie ? L’entendement seul donne la loi. Mais quand l’imagination est contrainte de procéder suivant une loi déterminée, sa production est, quant