Page:Kant - Critique de la raison pure, I.djvu/288

Cette page a été validée par deux contributeurs.

possible que par une chose existant hors de moi, et non pas seulement par la représentation d’une chose extérieure à moi. Par conséquent la détermination de mon existence dans le temps n’est possible que par l’existence de choses réelles que je perçois hors de moi. Mais, comme cette conscience dans le temps est nécessairement liée à la conscience de la possibilité de cette détermination du temps, elle est aussi nécessairement liée à l’existence des choses hors de moi, comme à la condition de la détermination du temps ; c’est-à-dire que la conscience de ma propre existence est en même temps une conscience immédiate de l’existence d’autres choses hors de moi.

Premier scolie. On remarquera dans la preuve précédente que le jeu de l’idéalisme est retourné, à bien plus

    pour la possibilité d’une expérience en général ; c’est-à-dire que j’ai tout aussi sûrement conscience qu’il y a hors de moi des choses qui se rapportent à mon sens, que j’ai conscience d’exister moi-même d’une manière déterminée dans le temps. Quant à savoir quelles sont les intuitions données auxquelles des objets correspondent réellement hors de moi, et qui par conséquent appartiennent au sens extérieur, et non à l’imagination ; c’est ce qui, dans chaque cas particulier, doit être décidé d’après les règles qui servent à distinguer l’expérience en général (même l’expérience interne) de l’imagination ; mais le principe est toujours qu’il y a réellement une expérience extérieure. On peut encore ajouter ici la remarque suivante : la représentation de quelque chose de permanent dans l’existence n’est pas identique à la représentation permanente ; celle-ci, en effet, peut être très-changeante et très-variable, comme toutes nos représentations et même celles de la matière, et cependant elle se rapporte à quelque chose de permanent, qui par conséquent doit être une chose distincte de toutes mes représentations, une chose extérieure, dont l’existence est nécessairement comprise dans la détermination de ma propre existence et ne constitue avec elle qu’une seule expérience, qui n’aurait jamais lieu intérieurement, si elle n’était pas aussi extérieure (en partie). Quant au comment, nous ne pouvons pas plus l’expliquer ici que nous ne pouvons expliquer comment nous concevons en général ce qui subsiste dans le temps et par sa simultanéité avec le variable produit le concept du changement. »