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critique de la raison pure

l’esprit), soit de Métaphysique, sur l’origine de la connaissance ou sur les diverses espèces de certitude suivant la diversité des objets (Objecte), (sur l’Idéalisme, le Scepticisme, etc.), soit d’Anthropologie, sur les préjugés (leurs causes et leurs remèdes), cela prouve leur méconnaissance de la nature propre de cette science. On n’étend pas, mais on défigure les sciences, quand on en fait se pénétrer les limites ; or, les limites de la logique sont rigoureusement déterminées par cela seul qu’elle est une science qui expose dans le détail et prouve de manière stricte, uniquement les règles formelles de toute pensée (que cette pensée soit a priori ou empirique, qu’elle ait telle ou telle origine ou tel ou tel objet (Object), qu’elle trouve dans notre esprit des obstacles accidentels ou naturels).

Si la Logique a si bien réussi, elle ne doit cet avantage qu’à sa limitation qui l’autorise et même l’oblige à faire abstraction de tous les objets (Objecten) de la connaissance et de toutes leurs différences, par suite de quoi l’entendement n’a à s’y occuper absolument que de lui-même et de sa forme. Il devait être naturellement plus difficile pour la raison d’entrer dans la voie sûre de la science, quand elle n’a plus affaire simplement à elle-même, mais aussi à des objets (Objecten) ; c’est pourquoi la logique même, en tant que propédeutique, ne constitue, pour ainsi dire, que le vestibule des sciences, et, quand il est question des connaissances, on suppose, il est vrai, une logique pour les apprécier, mais l’acquisition de ces connaissances est à chercher dans les sciences proprement et objectivement appelées de ce nom.

En tant qu’il doit y avoir de la raison dans les sciences, il faut qu’on y connaisse quelque chose a priori, et la connaissance de la raison peut se rapporter à son objet de deux manières, soit simplement pour déterminer cet objet et son concept (qui doit être donné d’autre part), soit aussi pour le réaliser. L’une est la connaissance théorique et l’autre la connaissance pratique de la raison. Il faut que la partie pure de chacune, si étendu ou si restreint que puisse être son contenu, à savoir, celle dans laquelle la raison détermine son objet (Object) entièrement a priori, soit exposée tout d’abord seule et sans aucun mélange de ce qui vient d’autres sources ; car c’est de la mauvaise économie que de dépenser aveuglément toutes ses rentrées, sans pouvoir distinguer plus tard, quand les revenus viennent à manquer, quelle partie de ces