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TROISIÈME CONFLIT DES IDÉES TRANSCENDANTALES 401

dehors les uns des autres, ni, par suite, une composition réelle. La conscience de soi présente donc ceci de particulier que, puisque le sujet qui pense est en même temps son propre objet (Object), il ne peut pas se diviser lui-même (bien qu’il puisse diviser les déterminations qui lui soit inhérentes) : car, par rapport à lui-même, tout objet est une unité absolue. Il n’en est pas moins vrai que, si on considère ce sujet extérieurement, comme un objet de l’intuition, il manifestera pourtant une composition dans le phénomène. Or, c’est toujours ainsi qu’il faut le considérer quand on veut savoir s’il y a ou non en lui des éléments divers extérieurs les uns aux autres. . S TRANSCENDANTALES

Antithèse.

Il n’y a pas de liberté, mais tout arrive dans le monde uniquement suivant des lois de la nature.

Preuve.

Supposez qu’il y ait une liberté dans le sens transcendantal, c’est-à —dire une espèce particulière de causalité suivant laquelle les événements du monde pourraient avoir lieu, une puissance de commencer absolument un état, et par suite aussi une série de conséquences de cet état ; et alors, non seulement une série commencera absolument, en vertu de cette spontanéité, mais encore devra commencer aussi absolument la détermination de cette spontanéité elle-même, en vue de la production de la série, c’est-à-dire la causalité, de telle sorte que rien ne précède qui détermine, suivant des lois constantes, cette action qui arrive. Mais tout commencement d’action suppose un état de la cause non encore agissante, et un premier commencement dynamique d’action suppose un état qui n’a avec l’état antérieur de cette même cause aucun lien de causalité, c’est-à-dire qui n’en dérive d’aucune manière. Donc, la liberté transcendantale est opposée à la loi de causalité, et une telle liaison d’états successifs de causes efficientes, d’après laquelle aucune unité de l’expérience n’est possible et qui, par conséquent, ne se rencontre dans aucune expérience, n’est qu’un vain être de raison.


KANT. — Raison pure. 26