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lons entendement et pour la détermination des règles et des limites de son usage que celles que j’ai placées dans le deuxième chapitre de l’Analytique transcendantale sous le titre de Déduction des concepts intellectuels purs ; ce sont aussi celles qui m’ont le plus coûté, mais, comme je l’espère, ce n’est point peine perdue. Cette étude qui est poussée un peu profondément, a deux parties. L’une se rapporte aux objets de l’entendement pur, et doit présenter et faire comprendre la valeur objective de ses concepts a priori ; elle rentre donc par là même essentiellement dans mon objet. L’autre se rapporte à l’entendement pur en lui-même, au point de vue de sa possibilité et des facultés de connaissance sur lesquelles il repose ; elle l’étudie, par conséquent, au point de vue (Beziehung) subjectif ; or, cette discussion, quoique d’une très grande importance pour mon but principal, ne lui est cependant pas essentielle, parce que la question capitale reste toujours de savoir : Que peuvent et jusqu’où peuvent connaître l’entendement et la raison, indépendamment de l’expérience ? et non : Comment est possible le pouvoir de penser lui-même ? Cette dernière question étant également la recherche de la cause d’un effet donné et renfermant, en tant que telle, quelque chose de semblable à une hypothèse (quoique, en fait, il n’en soit pas ainsi, comme je le montrerai dans une autre occasion), il semble que ce soit ici le cas de me permettre telle ou telle opinion et de laisser le lecteur libre également d’en avoir une autre. Ceci me fait un devoir de prier le lecteur de se rappeler que dans le cas où ma déduction subjective n’aurait pas opéré en lui l’entière persuasion que j’en attends, la déduction objective, qui est surtout le but de mes recherches, garde toute sa force, que suffirait en tout cas à lui conserver ce que je dis, pages 92 et 93[1].

Pour ce qui est enfin de la clarté, le lecteur a le droit d’exiger d’abord la clarté discursive (logique) qui résulte des concepts, et ensuite aussi la clarté intuitive (esthétique) qui résulte des intuitions, c’est-à-dire des exemples ou autres éclaircissements in concreto. J’ai donné assez de soins à la première : cela concernait l’essence de mon projet, mais ce fut aussi la cause accidentelle qui m’empêcha de m’occuper

  1. Page 123 de la présente traduction.