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de la connaissance. Par où l’on voit que la raison cherche dans le raisonnement à ramener à un très petit nombre de principes (de conditions générales) la grande variété des connaissances de l’entendement et à y opérer ainsi l’unité la plus haute.

C. — De l’usage pur de la raison.

Peut-on isoler la raison ? et, cette opération une fois faite, est-elle encore une source propre de concepts et de jugements qui ne viennent que d’elle et par lesquels elle se rapporte aux objets ? ou bien n’est-elle qu’une faculté subalterne destinée à fournir à des connaissances données une certaine forme, la forme logique, et qui a pour fonction de coordonner entre elles les connaissances de l’entendement et de subordonner les règles inférieures à des règles plus élevées (dont la condition renferme dans sa sphère la condition des précédentes), autant qu’on peut y arriver en les comparant entre elles ? Telle est la question dont nous avons à nous occuper ici préalablement. Dans le fait, la diversité des règles et l’unité des principes, voilà ce qu’exige la raison pour mettre l’entendement parfaitement d’accord avec lui-même, de même que l’entendement soumet à des concepts le divers de l’intuition pour en effectuer ainsi la liaison. Mais un tel principe ne prescrit point de loi aux objets (Objecten) et ne contient pas le fondement de la possibilité de les connaître et de les déterminer comme tels en général. Il est simplement, au contraire, une loi subjective de l’économie des richesses de notre entendement, laquelle tend à ramener, par la comparaison, l’usage général des concepts de l’entendement au plus petit nombre possible, sans que l’on soit par là autorisé à exiger des objets mêmes une unité si favorable à la commodité et à l’extension de notre entendement et en même temps à accorder à cette maxime une valeur objective. Il s’agit, en un mot, de savoir si la raison en soi, c’est-à-dire la raison pure, contient a priori des principes (Grundsätze) et des règles synthétiques, et en quoi ces principes (Principien) peuvent consister.

Le procédé formel et logique de la raison dans l’inférence rationnelle nous fournit déjà une indication suffisante pour trouver le fondement sur lequel devra reposer le principe (Principium) transcendantal de cette faculté, dans la connaissance synthétique par raison pure.