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curieux de philosophie et à l’immense majorité des lecteurs qui veulent être au courant du mouvement philosophique contemporain qui gravite autour du kantisme. Kant est très discuté ; pour en parler à bon escient, il faut tout d’abord le connaître.

La Critique de la Raison pure est une œuvre puissante, longtemps mûrie dans le cerveau de son auteur. Kant nous apprend lui-même qu’il l’a pensée pendant au moins dix ans (Lettre à Mendelssohn, 16 août 1783)[1]. Mais la rédaction de ce livre fut rapide ; elle prit à peine « quatre ou cinq mois » ; cette hâte doit expliquer « les négligences de style et l’obscurité de certains passages (Lettre à Biester, 8 juin 1781)[2]. L’impression fut aussi menée rondement. Le philosophe ne put pas corriger les épreuves ; il en relut à peine la moitié, où il nous dit avoir trouvé des fautes qui n’affectent pas le sens » (Préface de la 1re édit.). En raison de la foire prochaine, il ne dressa pas même une table d’errata et le livre parut avec des erreurs d’impression parfois grossières. Kant en signale quelques-unes dans ses Lettres. La seconde édition ne fut pas l’objet d’une revision plus soignée. Sans doute, par endroits et dans les phrases qui lui tombaient sous les yeux, Kant retoucha sommairement le style, mais sans chercher à faire disparaître les fautes d’impression qui, d’après ses aveux, se trouvent dans le livre. Nous en avons la preuve dans la persistance des quelques fautes qu’il signale explicitement dans sa correspondance et dans les corrections manuscrites faites par lui sur son exemplaire de travail et qui ne sont passées ni dans cette nouvelle édition, ni dans les suivantes, auxquelles, en

  1. In Kant’s Briefwechsel (Berlin, 1900) n° 188, p. 422.
  2. Ibid., n° 155, p. 256.