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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

La Décade signalait aussi aux lecteurs français les traductions de Werther et de Wolderaar, la correspondance de Lessing avec Gleim, la publication du Spectateur du Nord, la traduction du Théâtre de Schiller, d’Hermann et Dorothée, de l’Obéron de Wieland, du W. Meister de Goethe, d’odes de Klospstock, du Laoocon, de Herder, etc. Il y aurait pour les historiens de la littérature allemande, un bien curieux et substantiel chapitre à écrire sur l’influence exercée, de 179 !) à 1800, par les écrivains allemands, sur les productions littéraires de la France à cette époque. Mais pour nous limiter à ce qui forme l’objet spécial de notre étude, nous signalerons deux curieux articles sur les Perceptions obscures que publia dans la Décade, le 7 et le 17 octobre 1797, Dorsch, employé au ministère des relations extérieures. Il montrait que la métaphysique, devenue une science en partie exacte depuis Locke et Condillac, était la base des sciences morales et politiques. « Les Allemands, disait-il, la cultivent avec ardeur, si leur marche est lente, ils ne sont pas stationnaires, s’ils n’ont point notre audace, ils creusent profondément ; Kant y fait une révolution. Depuis Aristote et Descartes, personne n’a eu plus de prépondérance métaphysique. Sa philosophie est peu connue en France, mais il serait à désirer que quelque Allemand, bien au fait de cette école et de notre langue, en traduisît la doctrine. M. Dortsch, professeur à l’Université de Mayence, pourrait rendre ce service. » Six semaines plus tard, la Décade annonçait les Essais philosophiques de feu Adam Smith, précédés d’un Précis de sa vie et de ses écrits, par D. Stewart, traduits par Prévost ; Ginguené en donnait deux extraits dans la Décade du 20 novembre et du 10 décembre. Il insistait sur la division faite par Prévost des philosophes en trois écoles : l’école écossaise, l’école française et l’école allemande, qui a eu Leibnitz pour chef et dans laquelle domine aujourd’hui Kant. Prévost, ajoutait Ginguené, reconnaît dans Kant des qualités éminentes, mais voudrait qu’on distinguât ce qui lui appartient de ce qu’il s’est approprié ; il croit avantageux, pour le progrès de la science, de traduire en français les ouvrages de Kant, mais estime que cette entreprise est très difficile. A peu près à la même