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iv
AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR



II


La philosophie de Kant était, par d’autres voies encore, proposée à l’examen des penseurs français. Il y aurait lieu de mettre successivement en relief les indications que pouvaient leur fournir les publications de l’Académie de Berlin, les travaux des philosophes qui, en Suisse, écrivaient en langue française, ceux des Français qui, traducteurs ou commentateurs, avaient entrepris de faire connaître à leurs compatriotes la philosophie de Kant, soit pour la combattre, soit pour en recommander l’adoption. Mais nous serions ainsi exposé à des redites, ce qui nous arriverait également d’ailleurs si nous voulions exclusivement suivre l’ordre chronologique. Nous préférons donc exposer, en donnant toujours des indications chronologiques très précises, d’une manière un peu plus libre, les essais tentés pour faire connaître aux philosophes français les travaux de Kant.

En 1793, Mérian, dans un Mémoire sur le phénoménisme de Hume, avait exposé et combattu la « philosophie réformatrice du grand philosophe de Kœnigsberg », en 1797, il dotonait un Parallèle historique des deux philosophies nationales, celle de Wolf et celle de Kant. Tout en reconnaissant à Kant un esprit original, profond et subtil, avec les talents nécessaires pour le faire valoir, en le plaçant au-dessus de Wolf et sur la même ligne que Leibnitz, Mérian rappelait à ceux pour lesquels Kant est venu achever le grand ouvrage commencé par J. C, pour lesquels le Christ nous a manifesté Dieu en chair, et Kant, Dieu en esprit, que Kant pourrait avoir un successeur comme il avait succédé à Leibnitz, sans même laisser en mourant un Wolf pour appui de sa cause, pour propagateur de sa doctrine. Et la Décad annonçait le 10 fructidor an IX (août 1801), quinze jours après l’ouvrage de Villers, le volume dans lequel était inséré le dernier travail de Mérian. Dès 1792, Ancillon passait en