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à notre penchant familier ? que nous prenions toutes les peines possibles pour faire de cette loi un précepte favori de notre propre intérêt bien entendu, pour d’autres raisons que pour nous débarrasser (los werden) de ce respect effrayant, qui nous montre si sévèrement notre propre indignité ? Mais il y a si peu en cela par contre un sentiment de peine que, si l’on a une fois renoncé à la présomption et donné à ce sentiment de respect une influence pratique, on ne peut se rassasier de contempler la majesté de cette loi et l’âme croit s’élever d’autant plus qu’elle voit cette loi sainte plus élevée au-dessus d’elle et de sa nature fragile. Sans doute de grands talents et une activité proportionnée à ces talents peuvent produire aussi du respect ou un sentiment analogue, cela est même tout à fait propre à leur être offert (auständig es ihnen zu widmen), et il semble qu’en ce cas l’admiration soit identique avec ce sentiment. Mais si l’on y regarde de plus près, on remarquera que, comme le résultat demeure toujours incertain quand il s’agit dans l’habileté de faire la part du talent naturel et de la culture acquise par le travail personnel, la raison nous représente cette habileté comme étant probablement le fruit de la culture, partant comme un mérite qui rabaisse notablement notre présomption et nous fait des reproches à ce sujet, ou nous impose un exemple à suivre dans la mesure où il nous est approprié. Ce n’est donc pas simplement de l’admiration que ce respect que nous manifestons pour une telle personne (et qui, à proprement parler, s’adresse à la loi que son exemple nous présente). C’est ce qui est confirmé