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nation de la volonté d’un être dont la raison n’est pas déjà, en vertu de sa nature, nécessairement conforme à la loi objective, il en résultera d’abord qu’on ne peut attribuer aucun mobile à la volonté divine, et que le mobile de la volonté humaine (et de celle de tout être raisonnable créé) ne peut jamais être que la loi morale, partant que le principe objectif de détermination doit être toujours et en même temps tout à fait seul, le principe de détermination subjectivement suffisant de l’action, si celle-ci ne doit pas simplement remplir la lettre (den Buchstaben) de la loi sans en contenir l’esprit1.

Ainsi, comme on ne doit chercher en vue de la loi morale, et pour lui procurer de l'influence sur la volonté, aucun mobile étranger qui puisse dispenser de celui de la loi morale, parce que cela ne produirait qu'une pure hypocrisie, sans consistance, et si même il est dangereux de laisser seulement à côté de la loi morale quelques autres mobiles (comme celui de l’intérêt) coopérer (mitwirken) avec elle ; il ne reste simplement qu’à déterminer avec soin de quelle manière la loi morale devient un mobile, et ce qui, quand elle est un mobile, se produit dans la faculté humaine de désirer comme effet de ce principe déterminant sur cette faculté2. En effet, savoir comment une loi peut


1 On peut dire de toute action conforme à la loi, qui cependant n’a pas été faite en vue de la loi, qu’elle est moralement bonne simplement quant à la lettre, mais non quant à l'esprit (à l'intention).


2 Nous essayons do traduire aussi exactement que possible cette phrase dont le sens est clair, mais dont il n’est pas facile de rendre les diverses parties. Le texte porte : und was, indem sie es ist, mit dem menschlichen Begehrungsavermögen, als Wirkung jenes Bestimmungs