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comme une conséquence de la résistance de l'animal à la loi intérieure ou par le moyen d'un contre-poids ; elle est ici une pure négation par défaut de raison positive, et non pas une privation. Supposez au con­traire un homme qui ne secourt pas celui dont il voit le besoin, et qu'il pourrait facilement secourir : ici l'amour du prochain est chez lui, comme dans le cœur de tout homme, une loi positive ; il faut que ce senti­ment soit vaincu; il faut qu'il y ait dans cet homme une action intérieure réelle produite par des mobiles qui rendent l'omission possible. Ce zéro est la consé­quence d'une opposition réelle. Dans le principe, cer­taines gens éprouvent une peine sensible à ne pas faire quelque bien auquel ils se sentent réellement portés. L'habitude allège tout, et à la fin cette action n'est plus guère aperçue. D'après cela, les péchés d'action ne diffèrent pas moralement de ceux d'omis­sion, mais seulement quant à la quantité. Physique­ment, c'est-à-dire d'après les conséquences extérieu­res, ils sont encore d'espèce différente. Celui qui ne reçoit rien souffre un mal de défaut, et celui qui est volé un mal de privation. Mais en ce qui regarde l'état moral de celui qui commet un péché d'omission, il ne faut, pour le péché d'action, qu'un plus grand degré d'action. De même que l'équilibre du levier n'a lieu que par une véritable force servant à tenir le fardeau en repos, et qu'il suffit d'une légère augmentation