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DES MOBILES DE LA RAISON PURE PRATIQUE




CHAPITRE IIIe


de l’analytique de la raison pure pratique.


des mobiles de la raison pure pratique


Le caractère essentiel de la valeur morale des actions, c’est que la loi morale détermine immédiatement la volonté. La détermination volontaire a beau être conforme à la loi morale, si la volonté a besoin d’un sentiment, de quelque espèce qu’il soit, pour prendre cette détermination, et si, par conséquent, elle ne se détermine pas uniquement en vue de la loi, l’action aura bien alors un caractère légal, mais non un caractère moral. Or, si l’on entend par mobile (elator animi) le principe subjectif qui détermine la volonté d’un être dont la raison n’est pas déjà, par sa nature même, nécessairement conforme à la loi objective, il s’en suivra d’abord qu’on ne peut attribuer aucun mobile à la volonté divine, et ensuite que le mobile de la volonté humaine (et de la volonté de tout être raisonnable créé) ne peut être autre que la loi morale, et, par conséquent le principe subjectif de détermination, autre que le principe objectif, si l’on veut que l’action ne remplisse pas seulement la lettre de la loi, mais en contienne l’esprit[1].

  1. On peut dire de toute action conforme à la lui, mais qui n’a pas été faite en vue de la loi, qu’elle est moralement bonne quant à la lettre, mais non quant à l’esprit (quant à l’intention.