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grouper les plus essentiels de ces faits généraux dans un spectacle intégralement esthétique (et ce serait le but en art de M. Stéphane Mallarmé), il est également logique et légitime de penser que ces’quelques phénomènes, essentiels par la seule raison qu’ils sont mis en jeu, provoquent immédiatement des actions et des réactions, soit des contrastes ; ces contrastes qui sont l’cflet le plus appréciable à tous, le plus tangible, sont modifiés par les circonstances, et, si l’on veut se pencher vers le phénomène, étudier spécialement en quoi ce phénomène, connu évidemment et répercuté de tous les états précédents du même phénomène se présente pourtant et toujours avec des aspects de nouveauté, avec des modifications de conscience, on perçoit une infinie diversité.

Un paysage, par exemple, frappe et conquiert d’abord par la sévérité ou l’inflexion douce de ses lignes. Une impression nette se produit : l’homme est intéressé ou attendri ; s’il passe rapidement, il n’emportera que ce heurt bref sur sa rétine et son cerveau, déjà différent d’ailleurs, selon l’heure qui irradie ou assombrit le paysage ; si quelque instant il s’arrête, se pénètre des conditions partielles de la beauté de ce paysage, soit les petits rythmes de ses courbes, soit l’architecture de ses arbres, soit la disposition des tapis de verdure, la présence ou l’absence de l’eau, la rigidité des branches ou le rythme général du vent dans les feuilles, aussi la cadence ou le bruit qui se dégage du dcmi-silence du paysage, il se créera en lui des associations d’idées ; le paysage ne sera plus ce qu’il est exactement, mais l’heure du rêve du passant.