Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

et à faire comprendre sa façon différente de saisir et de traduire les phénomènes d’aspect qui, à travers sa rétine, arrivent à son cerveau.

À cela, que l’on joigne une grande inquiétude de l’être vrai, latent sous les apparences et les illusions de présences féminines ; puis, que chez l’écrivain, homme avant tout de foi, s’est lentement façonnée une manière de panthéisme mystique qui empreint de mouvements quasi humains les eaux, les arbres et les lignes d’horizons : et l’on aura la clef de la disposition des idées chez l’auteur des Songes.

Le drame étant ainsi compris, c’est-à-dire un personnage unique jouissant ou souffrant par la variation des minutes de la vie extérieure, il est fort inutile à M. Poictevin de donner à ses livres une affabulation compliquée ; l’extériorité du drame est toujours, en tous ses livres, homologue : un être souffre ou jouit de la réaction des choses ; deux êtres unis souffrent ou jouissent de la réaction du présent et des souvenirs et des sites sur eux, et vivent d’une vie commune remplie par les rêves divergents qu’inspirent les mêmes faits et les mêmes lignes vues par des cerveaux différents.

L’historiette qui fait le fond du roman est en général quasi superflue ; et M. Poictevin arrive en ce livre de Paysages à la supprimer et se lier à la juxtaposition des sensations pour évoquer, par leur série, le symbole d’une année de vie sans incidents autres que les déplacements de Paris à divers liltorals.

Deux parties : d’abord, les Paysages — c’est-à-dire des essais de rendre en quelques lignes un aspcctfugace.

« C’était, sous un jour pluvieux, le jaune mouillé du