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nom du grand public, Mallarmé et Verlaine, et que Villiers de l’Isle-Adam, qu’admettaient ou plutôt qu’admiraient tous les novateurs. Laforgue y avait sa place, et moi aussi, mais on entendait ne pas effaroucher le public et ne pas montrer trop tôt les symbolistes, et donner d’eux comme des échantillons importants avant de proclamer toute la sympathie qu’on disait savoir pour nous.

Pour des raisons diverses M. Dujardin m’offrit la rédaction en chef de sa revue qui devint dès lors plus netle et plus progressiste et accepta tout le symbolisme en tenant compte, ainsi qu’il me paraissait nécessaire, des efforts intéressants de romanciers comme les Rosny. La revue qui marchait fort bien littérairement périt de la gestion plus que chimérique de son directeur et administrateur, ou du moins passa chez le libraire Savine aux mains de M. de Nion qui en fit la revue des néo-naturalistes, et elle ne fit plus que décliner, passant de mains en mains, sans retrouver un instant l’importance que j’avais pu lui donner en 1888.

Le symbolisme avait alors acquis sa pleine importance, car il n’était plus représenté seulement par ses promoteurs, il avait reçu des adhésions précieuses. C’était Francis Vielé-Griffin et Henri de Régnier, sortis avec éclat des premiers tâtonnements, apportant l’un des visions élégantes et hiératiques, l’autre un sentiment très vif de la nature, une sorte de lakisme curieux de folk lore, avec une liberté encore hésitante du rhythme, mais une décision complète sur cette liberté rylhmique. Albert Mockel qui donnait sa jolie. Chantefable, et Ajalbert, Albert Saint-Paul Adolphe,