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d’un manchot qui évolue non sans grâce dans un roman de Moréas et Paul Adam, de leur plus vieille manière. Il parut piquant sans doute à Paul Adam de mettre le nom d’un héros à un seul bras, sur la couverture d’un petit volume qui allait être écrit par une demi-douzaine de dextres, car Paul Adam n’entendait pas se risquer à donner des néologismes de ses collègues, des interprétations hasardées et éloignées de la plus exacte précision. Il avait la connaissance des bonnes méthodes érudites et aussi des habitudes du journalisme (il y fut toujours expert), il résolut donc d’avoir recours à l’interview, et de nous demander à chacun le choix de nos mots nouveaux, mais point de cette façon verbale de l’interview ordinaire qui laisse tomber des détails, mais de façon scripturaire et, pour ainsi dire, ferme.

L’idée de ce glossaire avait été engendrée chez Paul Adam par une commande à moi faite. Un jeune éditeur, M. Dupret, qui, après avoir mis au jour quelques plaquettes curieuses, s’alla retremper dans un fructueux commerce de bois, avait reçu de moi l’offre d’une sorte de grammaire française, avec rhythmique, projet que je reprendrai quelque jour de loisir un peu large. Comme il n’éditait résolument que de petites plaquettes in-32, M. Dupret me proposa d’en éditer les derniers chapitres (nous raisonnions sur plan) ceux qui auraient trait à l’époque que nous traversions, c’eût été une petite grammaire et rhythmique symboliste. Mon indolence était alors assez grande pour qu’il n’existât, de longtemps, de ce petit livre, qu’un schéma détaillé. J’avais conté le fait de la prochaine éclosion