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baud, une adaptation d’Helmholtz, téméraire héroïque M. René Ghil était d’une parfaite bonne foi, et l’allure du symbolisme, en ce manifeste de M. Moréas et de M. Adam, et dans La Vogue, lui parut attentatoire ; il voulut avoir sa tribune, et fonda, avec M. d’Orfer, la Renaissance, ainsi nommée, je pense, à cause des similitudes que M. Ghil a de tout temps reconnues entre lui et Guillaume-Salluste Du Bartas. De là, il fulmina contre tous l’excommunication majeure, puis la Renaissance ayant été éphémère parmi les éphémères, il fonda les Écrits pour l’art, où l’on se publiait entre amis, œuvres et portraits. M. de Régnier et M. Vielé-Griffin y parvinrent pour la première fois, de façon publique à l’héliogravure.

Le mot symbolisme avait pris dès lors sa carrure et son sens. Ce n’était pas qu’il fut très précis, mais il est bien difficile de trouver un mot qui caractérise bien des efforts différents, et symbolisme valait à tout prendre, romantisme. Paul Adam proposait d’écrire un dogme dans le symbole ; le mot dogme répugnait à des tempéraments plutôt anarchistes et critiques comme le mien ; c’était Mallarmé qui avait surtout parlé du symbole, y voyant un équivalent au mot synthèse et concevant que le symbole était une synthèse vivante et ornée, sans commentaires critiques. L’union entre les symbolistes, outre un indéniable amour de l’art, et une tendresse commune pour les méconnus de l’heure précédente, était surtout faite par un ensemble de négations des habitudes antérieures. Se refuser à l’anecdote lyrique et romanesque, se refuser à écrire à ce va-comme-je-te-pousse, sous prétexte d’appropriation à l’ignorance