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conception un peu étroite, c’est bien son affaire. M. Paul Adam nous arrivait du naturalisme, il avait subi une de ces condamnations pour liberté d’écrire, fort bien portées depuis Baudelaire et Flaubert. Il ne s’en faisait pas trop gloire, et ne se targuait pas de Chair molle. Il était aimable et dandy. Un grand lévrier rhumatisant suivait ses pas ; l’esthétique de Paul Adam était alors assez confuse, ainsi que ses rêves politiques, littéraires, industriels, dramatiques, brummellesques. Il travaillait beaucoup et avait une peine infinie à tirer un parti pratique d’une production acharnée. Il y avait, dans ses efforts, de l’inquiétude et du disparate, mais il était déjà plein de talent, encore qu’il n’en fit pas toujours le meilleur usage et qu’il ne contrôlât pas assez l’intérêt de son effort ; il était mage et reporter de tempérament, historien en plus, fantaisiste follement et ces quatre courants d’idées n’étaient point sans falotes synthèses. Sa perpétuelle chimère, analogue aux rêveries de Balzac, était souvent distrayante. Un bel amour de l’art le tenait comme nous tous et contribuait à resserrer les liens d’amitié avec lui.

C’était Félix Fénéon qui assurait la bonne périodicité de la revue ; très dévoué aux poètes, il corrigeait les épreuves, méticuleusement, artistement. Ce fut grâce à lui que nous fûmes réguliers ; les articles de critique d’art qu’il nous donna font regretter qu’il s’abstienne depuis longtemps d’écrire.

La Vogue avait été une revue de combats et malgré qu’on n’ait pas songé à prendre de temps d’une exposition de théories, une revue théorique, au moins par les exemples. Ces revues, purement littéraires, ne du-