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étouffé par le luxe, et depuis il eut des succès politiques ; un arrondissement de la Creuse lui donna un jour 2 000 voix, insuffisantes à l’installer parmi nos parlementaires. Il se pourrait que Baju ait été un boulangiste de marque.

La Vogue était plus sérieuse ; elle fut la première revue symboliste, et si elle mourut jeune, au moins ses collections furent-elles presqu’immédiatcment recherchées. On sentit tout de suite combien on avait eu tort de racheter si peu, et elle donna aux libraires avisés et à des courtiers teintés de littérature d’assez agréables bénéfices. Elle eut de la gloire mi-vivante mi-posthume. Pourtant, tout en contenant de fort belles choses, et notamment les Moralités légendaires de Jules Laforgue en grande partie, elle était dirigée avec assez de paresse, et son directeur, c’est-à dire moi, avait une tendance excessive à juxtaposer à de la copie purement littéraire des textes d’érudition qui n’y étaient point absolument nécessaires. Mais on comptait sur l’avenir, et l’on voulait être complet. La collection de La Vogue, sur laquelle je n’insisterai point autrement, démontre pourtant deux choses : d’abord que le fameux dénigrement qu’on nous reprocha n’était point notre tendance, et que si nous dénigrârlles nous ne le fîmes que pour notre légitime défense et après d’injustes attaques, puisqu’on ne saurait trouver dans La Vogue d’autres articles critiques qu’un article très camarade que je fis pour l’apparition des Cantilènes de Jean Moréas, en dehors de ceux très intéressants de Félix Fénéon sur les Impressionnistes. Pourtant nous avions le papier tout prêt et la plume alerte et l’on ne