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floraison dernière, en sa forme maintenue, et il s’est mué en Symbolisme en léguant au Symbolisme son appétit de nouveauté, sa recherche d’un coloris neuf, sa tendance à l’évolution rythmique, c’est-à-dire son essence même. Le Parnasse a jeté comme branche un groupe néo-classique, qui ne tient du Romantisme que des éléments de couleur pittoresque, empruntés aux résultats acquis par le Romantisme et fortifiés par le Parnasse. Ces éléments contrastent d’ailleurs avec l’esthétique du groupe. C’est un des faits qui bornent la vie du Parnasse que cette évolution (à base d’archaïsme) vers le classicisme de Chénier (très retouché, il est vrai, d’après les nuances de Leconte de Lisle), qui est la route de M. de Heredia, et de ceux qui suivent ou son exemple ou son enseignement.

Pour être clair en définissant la formation du Parnasse, retraçons que le romantisme d’Hugo, après avoir vécu parallèle à celui de Lamartine, mitigé de classicisme et qu’influence Chateaubriand, à celui de Vigny, différemment mais au même degré mêlé de classicisme, a jeté un surgeon vivace dans le romantisme de Gautier, plus romantique qu’Hugo dans la recherche de la couleur, dans le choix des sujets, mais plus classique dans l’expression ; quant à l’application du vers à l’idée, au choix du sujet, Gautier se retranche les terroirs d’éloquence, de politique, etc. Après Gautier, Leconte de Lisle, d’essence romantique puisqu’il marque une évolution, se débarrassant d’un préjugé issu de la dernière lutte, où l’on avait abandonné les sujets antiques, que les classiques de la Restauration avaient ridiculisés, ajoute au Romantisme l’Hellénisme