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Et de la mousse à foison,
De la luzerne fleurie,
Avec un bout de prairie,
À mon horizon.


Ainsi Gabriel Vicaire, dans son premier recueil, les Émaux Bressans, indique son vœu d’outre-vie ! Le poète était né en 1848. Les Émaux Bressans virent le jour en 1884. Vicaire avait alors trente-six ans. Cette pièce n’est sans doute pas une des dernières écrites ; aussi, faut-il y voir, plutôt qu’une ombre jetée sur l’âme du poète par l’appétit de la mort, la préoccupation du tombeau ou quelque pessimisme, le souci simplement d’écrire une pièce aimable sur un sujet triste, ou même quelque narquoiserie de bon vivant en face de la Gamarde. Le poète aussi a pu vouloir, par un poème, en apparence sans façon, au fond très de rhétorique, se rattacher plus fortement au sol qu’il chantait, en y fixant par avance sa demeure dernière. Ce n’est point de ces épitaphes comme s’empressent, dès leurs premiers chants, les poètes romans de s’en confectionner mutuellement ; c’est plus simple de ton, c’est tout de même artificiel. Cela appelle comme pendant un hoc erat in votis, et si nous le trouvons, ce sera, sur l’esprit de l’auteur, une clarté. Sans feuilleter beaucoup, le voilà cet hoc erat in votis. Il s’appelle Bonheur Bressan. L’auteur déclare refaire à sa manière le rêve de Jean-Jacques.


Avoir, près d’un pêcher qui fleurirait à Pâques,
Un bout de maison blanche au fond d’un chemin creux.


près des bois, et là vivre en paysan calme et réfléchi.