Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/116

Cette page n’a pas encore été corrigée

ments, l’exil, les ambitions déçues feront longtemps prédominer Juvénal. Et se dessine ainsi un Hugo de la seconde manière ; rien n’est changé dans la forme ; la phrase de prose, la tirade de vers procèdent par accumulation, la phrase poétique tantôt une tirade, sorte de longue phrase en prose, coupée et rimée avec rejets, tantôt la strophe, une strophe dont les parentés s’accusent souvent avec celle de J.-B. Rousseau et des lyriques classiques, ou bien avec les poètes du xvie siècle. Puis enfin quand, l’empire tombé et Hugo rentré en France, sa parole politique pourra se satisfaire par des discours, il donnera des œuvres surtout empreintes de ce spiritualisme panthéistique vague, conviction un foi bien plus qu’opinion, qu’il professa sans cesse.

À travers ces variations, cette évolution sur les mêmes rythmes, toujours ce caractère fondamental du prédicateur sociologique, religieux ou historien ; ce caractère principal dans la forme, du développement, ce qui le constitue rhéteur, et des plus doués.

Or, pour le rhéteur, tout est mode à développement selon un canon indiqué ; Hugo développe tout par amas de métaphores beaucoup plus que par association d’idées ; il a besoin d’une volute large et pleine de la phrase revenant à son point de départ, pour repartir en une phrase nouvelle ; ne développant à la fois qu’une seule idée, idée de littérature ou de politique, et non sentiment, il saisit cette idée par ses contours extérieurs et donne les analogies avec d’autres contours extérieurs, sans avoir (par cela même qu’il s’occupe de l’idée et non du sentiment dont elle est le signe) à creuser le sens intime du sentiment et par conséquent