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profonde elle entreprendra la science de l’avenir.

Le décor extérieur se déroule toujours, des hérauts, des pages, des chevaliers aux tournois, et toujours la guerre, et la finale et décisive bataille qui met fin aux sièges et fait Mahaud sans conteste libre d’elle et de son comté.

Mais tout cela n’est point le repos ; l’instinct de la connaissance ne trouve pas sa pâture, et la vie corporelle, non satisfaite, suse en phénomènes d’extase. Tandis que Mahaud continue sa magie supérieure, sa suivante et préparatrice, la vieille Torinelle, pratique pour elle et les gens du bourg une plus grossière et physique sorcellerie ; à la comtesse déchue de son rêve de haute magie et qui regrette, elle offre l’usage de l’homme inférieur et simplement fort ; puis, de factices désirs troublent Mahaud : elle a dans son entour immédiat un coquet et féminin personnage, elle le prend, mais ne trouve dans cette union sans contraste aucun plaisir ; et, furieuse de cette faiblesse qui ressemble à du mépris, elle envoûte le pauvre sire.

Puis, les cauchemars, les hantises, les sabbats, et la recherche d’Asmodaï, le plaisir anti-physique et stérile, l’inassouvissable recherche de la sensation quand même, l’a rebours des temps navrés, jusqu’à ce que s’émeuve l’Église, voulant justice de la mort du malheureux envoûté. On trouve l’androgyne aux caves du château ; et dans toute une faiblesse, une mollesse qui la fond à la parole du confesseur à qui naguère elle suggérait sa puissance, dans une douceur mystique et un anéantissement dévot elle meurt ; trop tard arrivent ses soldats qui ne peuvent que la venger. La