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LE VERS LIBRE

trouvions du bon aux Médanais, nous ne nous détournions que des plats copistes et des écrivains scatologiques.

Parmi les romanciers de talent, nous n’avions à nous plaindre que du seul Huysmans, qui fut d’ailleurs notre ami à tous. Mais cet homme de grande bonne foi, de parfaite bonne volonté, avait d’un seul coup fourni à nos adversaires, dans À rebours, d’après quelques aimables dilettantes, et surtout d’après son imagination tourmentée et grossissante, de quoi nous persifler longtemps.

Il avait accumulé sur un seul héros toutes les extravagances, les dandysmes, les manies, les afféteries qu’on allait nous reprocher à nous, soi-disant décadents, à nous les simples, les bons bûcheurs ou les bons flâneurs qui vivions bien tranquilles à l’instar de la plupart de nos aînés parnassiens : à la bibliothèque le jour, au café le soir.

C’étaient les mêmes bibliothèques et les mêmes cafés.

Nous pardonnâmes à Huysmans, le mal n’était pas aussi grand qu’il en avait l’air ; car si l’on ne