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LES CÉSARS.

LES CÉSARS.
JULIEN, UN AMI[1].

SOMMAIRE.
Les Saturnales autorisant Julien à plaisanter, il va raconter une fable plaisante à son ami. — Romulus, offrant un sacrifice à l’occasion des Saturnales, y invite tous les dieux et aussi les Césars. — Arrivée et réception des convives. Les dieux se placent au banquet. — Silène s’y assied près de Bacchus. — Les Césars s’y rendent par ordre de succession. — Portrait de chacun d’eux. — Silène leur décoche à tous quelque brocard. — A la fin du repas, Mercure propose de faire jouter les héros pour la préséance. — Hercule demande qu’on admette Alexandre pour lutter avec les Césars. — Alexandre est admis à la joute. — On convient de faire combattre les héros deux à deux. — Proclamation de Mercure. — Discours de César. Réponse d’Alexandre. — Discours d’Octave. — Discours de Trajan. — Marc-Aurèle prétend n’avoir rien à dire. — Discours de Constantin. — Les Césars attendent que les dieux donnent leur avis ; mais les dieux demandent à s’éclairer davantage. Alexandre, César, Octave, Trajan, Marc-Aurèle et Constantin sont interrogés par les dieux, au milieu des plaisanteries de Silène. — Les dieux vont aux voix, et Marc-Aurèle a la pluralité des suffrages.

1. Julien. Puisqu’un dieu[2] nous accorde le droit de plaisanter, vu que ce sont les Saturnales, et que je ne sais rien de risible et de plaisant, je vais m’étudier sérieusement, mon doux ami, à te dire des choses qui ne soient point ridicules.

L’ami. Eh quoi ! César, peut-on être assez épais, assez suranné, pour faire des plaisanteries sérieuses ? Moi, je me figurais que le badinage est un délassement de l’esprit, un repos de la gravité.

Julien. Et tu as raison ; mais pour moi la chose ne va point ainsi. La nature ne m’a fait ni moqueur, ni parodiste, ni railleur. Cependant, puisqu’il faut obéir à la loi du dieu[3], veux-tu que je te raconte, en manière de plaisanterie, une fable où il y aura, je l’espère, beaucoup de choses dignes de ton attention ?

L’ami. Je t’écouterai de tout mon cœur. Je ne suis point de ceux qui dédaignent les fables, surtout celles qui sont instruc-

  1. Peut-être Salluste, préfet des Gaules et ami particulier de Julien.
  2. Saturne. — Cf. Lucien, Saturnales, t. II, p. 410 de notre traduction. — Sur les Saturnales, voyez Ch. Dezobry, Rome au siècle d’Auguste, lettre LXXI, t. III, p. 130 et suivantes.
  3. Voyez Lucien, Cronosolon, 13, t. II, p. 415 de notre traduction.