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monts Tsang-ling[1] (c’est-à-dire de la chaîne neigeuse qui sépare le bassin de la rivière de Khara-char de celui du Sir-déria ou Jaxartes). Le voyageur chinois fait ici une belle description de cette montagne de Ling-chan et de ses dangereux glaciers. « Le sommet de la montagnes’élève jusqu’au ciel. Depuis le commencement du monde, la neige s’y est accumulée, et elle s’est changée en blocs de glace qui ne fondent ni au printemps, ni en été. Des nappes dures et brillantes se déroulent à l’infini, et se confondent avec les nuages. Si l’on y dirige ses regards, on est ébloui de leur éclat. On rencontre des pics glacés qui s’abaissent sur les côtés de la route, et dont les uns ont jusqu’à cent pieds de hauteur, et les autres plusieurs dizaines de pieds de largeur. Aussi ne peut-on franchir ceux-ci sans difficulté, ni gravir ceux-là sans péril. Ajoutez à cela des rafales de vents et des tourbillons de neige, dont on est assailli à chaque instant, de sorte que, même avec des souliers doublés et des vêtements garnis de fourrures, on ne peut s’empêcher de trembler de froid… »

Ces sortes de tableaux, où l’auteur chinois

  1. On lit dans le Pien-i-tien, liv. LV, art. Kioue-tchi : Ces montagnes sont hautes de plusieurs milliers de pieds. Sur leur sommet, on voit beaucoup d’ognons qui sont comme enlacés ensemble « et forment un immense réseau. Le nom étranger de ces montagnes est Tartachi daban.