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DOCUMENTS GÉOGRAPHIQUES.

y trouve en abondance les marchandises les plus rares des autres pays. Le climat est froid et le vent y souffle avec violence. Les habitants sont d’un naturel farouche et cruel ; leur langage est bas et trivial, et les gens mariés se livrent à toute sorte de désordres. Les caractères de leur écriture ressemblent, on grande partie, à ceux du royaume de Toa-luhlo (7oakhdra) mais les mœurs, la langue parlée et les lois sont fort différentes. Ils portent des bonnets de poils et de coton, et s’habillent de peaux et d’étoffes de laine.

Dans le commerce, ils font usage de monnaies d’or et d’argent et de petites monnaies de cuivre, qui toutes, par leur dimension et leur forme, diffèrent de celles des autres royaumes. Le roi est de la race Tsa-li (des Kchattriyas) ; il est doué de prudence et d’habileté. Il est d’un naturel brave et impétueux, et sa puissance redoutable remplit d’effroi les pays voisins. Il commande à une dizaine de royaumes. Il aime le peuple et révère les trois Précieux. Chaque année, il £ût fabriquer en argent une statue du Bouddha haute de dix4iait pieds, et en même temps il convoque une grande assemblée dite ff’ou-tche’ta-hoel (Môkcha mahâparichad) ou de la Délivrance y dans laquelle il distribue des aumônes à tous les indigents, et accorde des bienfaits aux hommes et aux femmes qui sont dans le veuvage.

Il y a une centaine de couvents où l’on compte environ six mille religieux, qui, la plupart, étudient la doctrine du grand Véhicule {Mahâyâna), Les Stoûpas et les Samghàràmas sont élevés, spacieux, magnifiques, et inspirent la pureté et le respect. Il y a une dizaine de temples des dieux que fréquentent environ mille hérétiques, dont les uns vont nus (les Nirgranthas), et les autres se frottent de cendres (les Pàçoupatas) ; quelques-uns font des chapelets d’os de crânes