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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

Les sons plaintifs de la musique funèbre et les chants lugubres des porteurs retentissaient jusqu’au ciel. Les habitants de la capitale et des arrondissements situés dans un rayon de cinq cents li (cinquante lieues), qui formaient le cortége, s’élevaient à plus d’un million. Quoique ces obsèques fussent célébrées avec pompe, cependant le cercueil du Maître de la loi était porté sur une litière formée de nattes grossières. Les fabricants de soie du marché de l’Est en avaient employé trois mille pièces de différentes couleurs, pour former le char du Nirvana, qu’ils avaient orné de fleurs et de guirlandes chaînées de pierres précieuses. Ils demandèrent la permission de placer sur ce catafalque d’une splendeur merveilleuse, le corps du Maître de la loi ; mais, dans la crainte d’enfreindre ses dernières volontés, ses disciples s’y refusèrent. Ils firent porter en avant ses trois vêtements et son manteau religieux d’une valeur de cent onces d’argent ; ensuite venait la litière formée de nattes grossières. Il n’y avait aucun des assistants qui ne versât des larmes ou ne fût suffoqué de douleur.

Ce jour-là, plus de trente mille religieux et laïques passèrent la nuit auprès du tombeau.

Le matin du quinzième jour, on ferma la fosse ; puis, sur le lieu de la sépulture, on ùi une immense distribution d’aumônes, et la foule se dispersa en silence.

Le huitième jour de la quatrième lune de la deuxième année de la période Tsong tckang (669), l’empereur ordonna, par un décret, de transporter le tombeau du