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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

hauteur prodigieuse, qui s'était écroulé tout d’un coup. S'étant éveillé en sursaut, il était accouru pour en informer le Maître de la loi. « Cet événement ne vous concerne point, lui dit Hiouen-thsang ; c'est le présage de ma fin prochaine. »

Dans la soirée du neuvième jour, comme il traversait le pont d'un canal situé derrière sa demeure, il tomba et se fit une écorchure à la jambe. Dès ce moment il s'alita, et ses forces diminuèrent sensiblement.

Le seizième jour, il s'écria, comme s'il sortait d'un songe : « Devant mes yeux, je vois une immense fleur de lotus, d'une fraîcheur et d'une pureté charmantes. »

Le dix-septième jour, il eut encore un songe où il vit, par centaines et par milliers, des hommes d'une stature élevée et vêtus de brocart, qui, portant des tentures de soie brodée, des fleurs d'une beauté merveilleuse et des joyaux du plus grand prix, sortaient de la chambre à coucher du Maître de la loi, et allaient en parer, au dedans et au dehors, la salle consacrée à la traduction des livres. Ensuite, allant derrière cette salle, sur une montagne boisée, ils plantaient partout de riches bannières ornées de brillantes couleurs, et faisaient entendre une musique harmonieuse. Il vit en outre, en dehors de la porte, une multitude innombrable de chars resplendissants chargés de mets parfumés et de fruits de plus de mille espèces, aussi beaux par leurs formes que par leurs couleurs : ce n'étaient point des produits terrestres. On les lui apportait l'un après l'autre, et on les lui offrait en profusion ; mais il