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LIVRE CINQUIÈME.

lieu d’une forêt, pour arriver à l’Intelligence. Au bout de six ans, le fruit (de Bôdhi) se trouvant parfait, il obtint un corps de couleur d’or et arriva au rang d’Arhân. Il répandit la douce rosée (amrĭta) dans le Parc des cerfs (Mrĭgadava) et fit briller la perle maṇi sur le Pic du Vautour (Grĭdhrakoûta parvata) ; pendant quatre-vingts ans, il répandit sa doctrine, il procura la joie et le bonheur aux hommes et vécut d’aumônes.

« Lorsqu’il se fut livré au calme absolu (c’est-à-dire au Nirvana) pour rentrer dans l’état de pureté, il légua sa statue, il légua des textes sacrés, qui se sont transmis d’âge en âge et subsistent encore aujourd’hui. Pour vous, ô roi, grâce à vos vertus passées, vous avez obtenu le titre de maître des hommes et vous êtes appelé à tourner la roue de la Loi (c’est-à-dire à enseigner la Loi) pour devenir le refuge et l’appui des êtres intelligents. Que penserait-on de votre sagesse, si vous fermiez les yeux et restiez sourd à mes paroles ? »

« Hélas ! dit le roi, mes fautes s’accumulent depuis bien longtemps. Je n’avais jamais entendu prononcer le nom du Bouddha ; aujourd’hui, qu’un saint homme a daigné faire descendre ses bienfaits sur moi, j’en éprouve un surcroît de bonheur. Puisqu’il a légué sa statue et des textes sacrés, mon vœu le plus ardent est d’adorer son image et de suivre sa doctrine. »

— « Si tel est votre désir, reprit l’Arhân, il faut d’abord que vous construisiez un couvent ; alors la divine statue y viendra d’elle-même. »

Là-dessus, le roi s’en retourna, puis, avec ses offi-