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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

Autrefois, désolé de l’impuissance de mes efforts pour le bien, j’amassai dans le royaume de Po-lo-ye-kia (Prayâga) une immense quantité de richesses et de choses précieuses, et, entre les deux fleuves, j’établis un lieu de Grande assemblée. Tous les cinq ans, j’appelais des cinq Indes les Cha-men (les Çramanas), les Po-lo-men (les Brahmanes), les indigents, les orphelins et les hommes sans famille, et pendant soixante-quinze jours, je faisais une grande distribution, dite la distribution pour la Délivrance (Mokcha).

« Jusqu’à ce jour, j’ai déjà convoqué cinq assemblées de ce genre ; maintenant, j’en veux convoquer une sixième. Pourquoi, vénérable maître, ne pas rester quelque temps pour y assister et être témoin de la joie qu’elle fera naître ? »

— « Sire, lui dit le Maître de la loi, par tous ses actes, un Pou-sa (un Bodhisattva) recherche à la fois le bonheur et l’intelligence. Lorsqu’un sage a obtenu un fruit, il n’oublie jamais la racine d’où il est né. Puisque Votre Majesté n’épargne point ses richesses pour secourir les hommes, comment Hiouen-thsang pourrait-il refuser de rester quelque temps avec vous ? Je vous demande la permission de partir avec Votre Majesté.

Le roi fut ravi de cette réponse. Le vingt et unième jour, il se mit en route et le conduisit dans le royaume de Po-lo-ye-kia (Prayâga) et ils se rendirent ensemble au lieu de la grande distribution. Le fleuve King-kia (Gange) coulait au nord et le Yen-meou-na (Yamounâ) au sud. Ces deux rivières, descendant ensemble du nord-