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LIVRE CINQUIÈME.

messager ; s’il ne vient point, votre disciple reconnaîtra enfin qu’il est voué pour jamais au vice et au malheur. Dans ces derniers temps, le roi Che-sang-kia (Çaçângka) put encore abolir la Loi et détruire ï Arbre de VintelUgence {Bôdhidroama). Croyez-vous, maître, que votre disciple n’ait pas la force d’en faire autant ? Je suis résolu à équiper une armée d’éléphants, et à entrer dans votre pays avec des troupes immenses qui réduiront en poudre votre couvent de Nâlanda. J’en prends à témoin le soleil qui m’éclaire ; c’est à vous. Maître, de voir ce que vous avez à faire. »

Kiaî-ji [Çilabhadra], ayant lu cette lettre, parla ainsi au Maître de la loi : « Ce roi est animé de l’amour du bien. Comme la loi du Bouddha n’est pas très-répandue dans son royaume, dès qu’il a été informé de votre réputation, il a montré pour vous une affection sans bornes ; peut-être que dans votre existence passée vous avez été un de ses intimes amis. Hâtez-vous de partir. Vous avez quitté la famille (embrassé la vie religieuse) pour travailler au bonheur des créatures ; en voici justement l’occasion. Quand vous serez arrivé dans ce royaume, faites que le cœur du roi s’ouvre à la foi et le peuple suivra son exemple ; mais, si vous repoussez sa demande, si vous ne vous rendez pas auprès de lui, peut-être que le démon (le Mâra) nous suscitera d’affreux malheurs. Ne craignez pas la légère fatigue du voyage. »

Le Maître de la loi prit congé du docteur (Çîlabhadra) et partit avec le messager royal.

À son arrivée, le roi fut ravi de le voir et vint au-