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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

petit Véhicule. S’il va trouver le roi Koumâra, comment le roi Çilâditya pourra-t-il le posséder ? Je ne puis donc le lui envoyer. Le religieux de la Chine, dit-il alors au messager royal, a un désir extrême de s’en retourner dans sa patrie et ne peut se rendre à l’invitation de votre souverain. »

Quand le messager fut arrivé, le roi en envoya un autre avec une nouvelle lettre d’invitation où il disait.

« Quoique vous désiriez, vénérable maître, vous en retourner dans votre pays, venez un instant voir votre disciple ; vous partirez ensuite quand vous voudrez. Je désire absolument que vous daigniez abaisser sur moi vos regards ; de grâce, ne repoussez pas ma prière. »

Kiaî-hien [Çilabhadra) n’ayant pas envoyé Hiouen-thsang, le roi fut transporté de colère et expédia de nouveau un autre messager avec cette lettre pour Çîlabhadra : « Votre disciple est un homme vulgaire qui s’est laissé corrompre par les plaisirs du monde et ne sait plus quelle direction suivre dans la loi du Bouddha. Aujourd’hui, après avoir appris la renommée du religieux de la Chine, j’ai été tout ravi de corps et d’Ame, et il m’a semblé que déjà je sentais poindre en moi les germes de l’Intelligence (Bôdhi). Deux fois vous avez refusé de l’envoyer ici. Voulez-vous donc que tout mon peuple reste éternellement plongé dans les ténèbres de l’ignorance ? Est-ce là le rôle d’un religieux éminent qui doit perpétuer et agrandir l’héritage de la Loi et sauver tous les êtres du naufrage ? Je brûle de le voir et de l’entendre : c’est pourquoi j’envoie avec respect un nouveau