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nement bien naturel, j’avais commencé, à la demande de mon illustre ami M. Alex. de Humboldt, la traduction de Hiouen-thsang. À cette époque, j’étais aussi peu préparé que mes prédécesseurs, pour résoudre les difficultés dont je viens de parler et qui sont tout à fait indépendantes de la langue chinoise. Acquérant, à mesure que j’avançais, la conviction intime de mon insuffisance, je fermai le texte au livre IV, et je n’eus qu’à m’en applaudir ; car je me serais livré à un labeur excessif pour publier un ouvrage dont l’importance aurait été singulièrement affaiblie par l’absence des transcriptions indiennes, qu’auraient remplacés des sons barbares ou des mots chinois intraduisibles en sanskrit[1]. J’aurais, en outre, manqué l’occasion précieuse d’entreprendre, pour la lecture méthodique des mots sanskrits correctement figurés ou traduits, un travail long et épineux, il est vrai, mais dont les résultats, prouvés aujourd’hui d’une manière incontestable, pourront recevoir après moi de nouvelles et de plus amples applications.

M. Landresse a été frappé d’une partie de ces difficultés, et, en général, il a expliqué avec netteté,

  1. Ainsi, sans le travail préparatoire dont je parlerai plus bas, je n’aurais pu rétablir Bhâskaravarma avec les sons Pouan-sai-kie-lo-fa-mo, ni Djyôtichka avec Tchou-ti-sse-kia. On en peut dire autant des noms propres chinois Te-hoeï (Gouṇamati) et Kien-hoeï (Drîḍhamati) dont Hiouen-thsang (Si-yu-ki, liv. XI, fol. 17) avait omis la forme indienne.